vendredi 1 mai 2009

Chernobyl Day, Francis Lalanne et la pluie

14h.

Rendez-vous désormais rituel avec Didier à la Bégude de Mazenc (sic), bled fameux pour son parking de co-voiturage et son emplacement idéal entre Die et le reste du monde. Il a plu pendant tout le trajet. Dans la voiture, je m'interrogeais sur la succession d'événements qui m'amène un dimanche à conduire sous les averses, en bottes et en poncho, pour aller manifester devant la centrale de Cruas, en Ardèche, avec Francis Lalanne.

14h25.

Arrivée à la centrale de Cruas-Meysse. Quatre cheminées imposantes. Trois éoliennes plantées là pour faire joli et rappeler qu'EDF investit aussi dans les renouvelables. Le tout assorti d'une fresque, un enfant en train de jouer avec une conque dans le sable, et on se croirait presque en vacances...

Je prends quelques photos avec mon portable, pour ce blog. J'avais oublié que les centrales sont des installations stratégiques qu'il est interdit de prendre en photo... La faute du gamin avec son coquillage, sans doute.

Une estafette de gendarmes sort fissa du site. Cela fait trois minutes qu'on est là, on est déjà repérés. Efficace ! Ils viennent se garer à côté de nous sur le parking. Les vitres se baissent, l'échange est courtois. je confirme qu'on est là pour le rassemblement. Ils nous souhaitent bon  courage. C'est sympa. Vu ce qu'il tombe...

15h.

Arrivée de quelques militants de Sortir du nucléaire, du NPA, des Désobéissants, et Francis Lalanne avec une de ses co-listières. Il est en effet tête de liste dans le Sud Est de l'alliance écologiste indépendante. En fait, le regroupement du MEI de Waechter, qui devait partir avec Europe Ecologie mais n'a semble-t-il pas obtenu de tête de liste, et de Génération Ecologie, (souvenez-vous, Brice Lalonde). Ceux qu'on appelle communément, par chez nous à gauche, les "écolos de droite".

Que nenni ! nous explique Francis Lalanne : les concepts de gauche et de droite sont totalement dépassés, c'est cro-magnon avec son gourdin ces histoires là (mimé). Sous le regard attentif et amusé des autres, lui et Didier s'engagent dans une discussion passionnante et passionnée sur Rousseau, sur l'Etat, sur les valeurs historiques de la gauche. Francis Lalanne est un type sympa, chaleureux, "nature", avec un discours très oecuménique, sur lequel on ne peut qu'être d'accord : pour le peuple, pour la nature, pour la vie, pour qu'on soit tous ensemble etc. Evidemment, ça a ses limites. La gauche et la droite n'ont pas la même histoire, elles ne défendent pas les mêmes valeurs, elles ne portent pas le même projet. Se déclarer ni droite ni gauche, à l'heure actuelle, me semble démago et irresponsable. Je lui demande de me trouver un mec de droite qui défende la socialisation de l'économie, l'écologie radicale ou encore la souveraineté populaire. "Ben, moi !"...

Un jeune militant présent renchérit : "tant qu'il y aura une gauche, il y aura une droite". Je pense au PS quand je lui réponds : "quand il n'y a pas de gauche, on a quand même la droite !"

On va faire une photo devant les grilles de la centrale. Tout le monde met son masque, sauf Francis Lalanne, qui nous propose de bénéficier de sa notoriété. Du coup j'enlève le mien aussi...

15h45.

En rejoignant le parking, un militant du NPA nous fait part de son regret que son parti n'ait pas intégré le front de gauche, on discute un peu mais les conditions sont vraiment pourries, sous la flotte sur ce parking de nulle part. On arrive quand même à griffoner des coordonnées sur des bouts de papier détrempés et on se promet de rester en contact.

Aujourd'hui c'était Chernobyl Day.

Aujourd'hui, devant la centrale de Cruas, on était à peine 15.

Mais il faut dire qu'il pleuvait...

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