mercredi 6 mai 2009

Cher Paul : Lettre à Paul Ariès

Ce billet fait suite aux échanges qui ont lieu sur le blog Six pieds sur terre de Laure Noualhat, et de Raoul-Marc Jennar, suite à l’entretien accordé par Paul Ariès à Laure Noualhat, pour Libération.

Comme j’ai du mal à être concise, et que je pense qu’un des apanages de la gauche est d’avancer des arguments précis et argumentés, une version un poil plus longue existe là, avec un développement sur les orientations du Parti de Gauche en la matière, histoire de ne pas rester sur de pures joutes politiques qui certes animent la campagne, mais nous éloignent de la solution... Bonne lecture !

Cher Paul,

Loin de moi l'idée d'ajouter au triste débat qui agite actuellement le blog de RM Jennar du NPA, mais de nombreux camarades m'ont alertée sur les échanges qu'on peut y lire, ainsi que sur ton interview dans Libé. Je réagis, donc, pour apporter mon éclairage, vu du PG, en toute sympathie, en responsabilité, et dans l'esprit de convergence qui nous anime tous au vu de l'urgence... non ?

Sur le blog, je te lis : "Je regrette que ni le Front de gauche ni le NPA n’aient jugé que nous pouvions apporter quelque chose de positif et de neuf dans le cadre de cette campagne. Le travail pour la convergence continue bien sûr avec toi et les autres."

En ce qui concerne le Front de Gauche, nous avons tenté de nombreuses fois d'organiser une rencontre, de nous voir. Cela n'a pas été possible. Aussi, nous avons beaucoup échangé par mail, et autant Eric Coquerel que Jacques Généreux ou moi-même, après de nombreux échanges sur le fond démontrant que nous étions sur la même vision politique de gauche, antiproductiviste et républicaine, t'avons lancé des appels politiques amicaux afin que tu rejoignes ce Front de Gauche. Nous avions donc bien jugé que les mouvements de l'objection de croissance avaient quelque chose à apporter à la gauche !

Nous n'avons d'ailleurs pas attendu les élections européennes pour nous en rendre compte et engager le débat sur le fond, dès la création du Parti de Gauche en novembre 2008.

Dès le premier meeting de lancement du PG, le 29 novembre, un appel a été lancé à la tribune par Jean Luc Mélenchon à toutes les sensibilités de gauche anticapitalistes et antiproductivistes. L'écologie politique a fait l'objet du tout premier Forum thématique du PG, le 24 janvier 2009, avec des interventions de Martine Billard et d'Hervé Kempf, auquel tu avais d’ailleurs également été invité.

Notre ambition est de construire un parti creuset, avec pour objectif d’allier le meilleur des traditions de la gauche écologiste, altermondialiste, républicaine, laïque, féministe et de contribuer ainsi à la synthèse des différentes gauches antilibérales. Cela nous donne l'obligation et le devoir de procéder à un débat argumenté, non dogmatique, qui demande du temps et une réflexion ouverte, sans tabous. Pour animer cette réflexion au sein du PG a été monté un secteur baptisé "écologie politique".

Le Parti de Gauche se prononce clairement contre un capitalisme vert et pour une rupture planifiée, comme je l’ai rappelé lors de mon intervention au Contre-Grenelle samedi. Pour ça, des solutions doivent être planifiées sur le long terme, dans le cadre d'un programme de transition vers une sortie du capitalisme. La planification écologique, démocratique et porteuse d'implication populaire, peut permettre de répondre à ces enjeux historiques.

C’est pourquoi nous avons répondu favorablement à ton idée d'un laboratoire de la gauche antiproductiviste en Rhône Alpes, où faire l'expérimentation de la planification écologique que nous défendons. Je maintiens notre enthousiasme pour une telle initiative, qui permettrait enfin l'unité de la gauche antiproductiviste sur un projet concret, de lutte sur le terrain, à défaut de savoir nous rassembler pour renverser la droite et la gauche libérale dans les élections.

Je précise enfin  que même "seulement" en troisième position sur la liste Sud Est, je suis première candidate du PG de cette liste d'union qui a souhaité laissé la tête de liste à une personnalité associative, membre d'aucun parti. Les idées que je défends, depuis longtemps à Utopia, désormais aussi au PG, sont clairement identifiées sur l'écologie politique, l'antiproductivisme, la critique de la croissance et l'altermondialisme. Je ne suis pas une tête d'affiche, mais je défends ces idées avec conviction et j'y mets toute mon énergie.

Je garde le souvenir d'un beau Contre-Grenelle et l'espoir d'une gauche antiproductiviste unie. Je reste, avec beaucoup d’autres au PG, mais aussi, je le sais, au NPA, chez les Verts et ailleurs, concentrée sur ce projet et disponible aux côtés de toutes celles et ceux qui voudront œuvrer à cette convergence, comme tu le fais.

Avec toute mon amitié

Corinne MD

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