dimanche 17 mai 2009

Croisette, fumigènes et (s)abordage

Nous étions hier une trentaine de militants du Front de Gauche pour une action "coup de poing" symbolique en marge du festival de Cannes, à Juan les Pins. 


Le résultat de brainstormings collectifs en escalier depuis ce jour où, à Marseille pour les manifs du "délit de solidarité", j'ai fait part à Hélène de mes envies de désobéissance... Parties toutes les deux au quart de tour, on a très vite mis Michel et Hervé dans le coup, et eux non plus ne se sont pas fait prier !  Les idées ont fusé par mail, échanges de coups de fil et à grand renfort de textos, et au final ce chouette montage collectif nous a menés à côté de Juan les Pins, en plein festival de Cannes... 


Donc, hier, nous avons pris d'assaut et rebaptisé le bateau de Madoff, actuellement sous séquestre au port, en "Pwofitasyon". La sécurité du port a mollement essayé de nous stopper, à deux reprises, mais le plus dur a finalement été de monter dessus, du quai... Heureusement un militant a fini par (presque) se jeter à l'eau. Il a pu dérouler et fixer la banderole, quelques autocollants du PG "casse toi pov'con" ont fleuri... Le baptème a été salué par des fumigènes (j'en garderai une jolie cicatrice souvenir à la main...) et nous avons profité de la présence - rare - des médias pour rappeler que la planète n'est pas un terrain de jeu pour les riches et pour dénoncer le modèle de surconsommation et d'accumulation d'une minorité au mépris de toute considération sociale et environnementale. 


Mais le clou de la journée a été atteint le soir, lorsque nous avons décidé de faire un détour rapide par la Croisette en rentrant d'une réunion publique à Puget Theniers, histoire de jeter quand  même un oeil curieux sur l'ambiance festival avant de quitter Cannes. J'ai fini la journée écoeurée de tant d'indécence. Un tel décalage, un tel mépris, un tel autisme n'est tout simplement pas possible. On se surprend à avoir des envies de chaos.

Prochaine action "coup de poing" à Fos sur Mer le 28 mai...

dans la suite du billets, quelques  articles parus dans les médias à la suite de cette action (libération, nice-matin, le figaro).

article paru sur libération.fr :

(image AFP)

«C'est pas mal de faire voir l'envers du décor», résume Gérard Piel, élu régional communiste et conseiller municipal d'Antibes. Une trentaine de militants du Front de gauche (PCF et Parti de gauche) ont réalisé samedi une «opération coup de poing symbolique» sur une jetée du port Gallice à Juan-les-Pins, à quelques kilomètres de la Croisette.

Leur cible, le yacht de Bernard Madoff, ancré ici, et sous le coup d'une saisie conservatoire à la demande d'une des victimes de l'escroquerie montée par le financier américain.

«Ce bateau, c'est le symbole du mépris d'une certaine classe de riches pour la crise sociale et pour l'environnement, dénonce Corinne Morel-Darleux, candidate du Front de gauche aux européennes dans le Sud-Est. La planète n'est pas un terrain de jeu pour les plus riches.»

Arrivés devant le yacht, sous le regard amusé des occupants du bateau voisin, le petit groupe envoie un des siens dresser banderoles -«on ne paiera pas pour les escrocs»- et autocollants au-dessus du nom du bateau «Bull», immatriculé à George Town, îles Caïmans. Le yacht est rebaptisé par les manifestants «Pwofitasyon», reprenant le mot utilisé par le mouvement social guadeloupéen pour désigner les profits abusifs.

Sur le ponton, Gérard Piel détaille sa proposition d'instaurer au niveau européen une «taxe sur le tonnage des yachts dans les pays méditerranéens», au niveau européen. Après l'opération, il revient sur le festival: «On n'y est pas opposé mais on souhaiterait que les retombées soient mieux réparties. Ici, on est confronté au travail précaire ou au noir. Si on s'éloigne de quelques mètres de la Croisette, la réalité est très différente.» En repartant, le groupe fait une dernière pause manif, en passant devant un bateau baptisé «Bling bling».

article paru dans Nice-Matin :



A l'arrière du « Bull » flotte depuis hier une banderole : « On ne paiera pas pour les escrocs ». Et sur le quai du port Gallice au Cap d'Antibes, devant la place qu'occupe le yacht de Bernard Madoff (1), un autocollant hurle « casse-toi pov'con, puisque c'est Sarkozy qui le dit ! »

Sous les yeux d'une caméra de TF1 et des plaisanciers amusés, le Front de gauche a mené hier une action coup de poing et coup de gueule pour muscler sa campagne pour les élections européennes.

Objectif de Corinne Morel-Darleux, numéro 3 sur la liste et de Gérard Piel, vice-président de la Région (en 12e place) : dénoncer l'accumulation de milliards par quelques spéculateurs. Une accumulation sous pavillons de complaisance « au mépris des lois sociales européennes. »

Taxe bling-bling ?

Le Front de gauche propose la création d'une taxe européenne sur les yachts au profit des pays du sud. « Avant, on nous rétorquait qu'une taxe française ferait partir tous les yachts en Italie ou en Espagne. Avec une taxe européenne, le problème n'existe plus ».

En longeant le quai, le cortège d'une quarantaine de personnes tombe opportunément sur un yacht nommé « Bling-Bling ». Le propriétaire prend les devants : « Rassurez-vous, ce n'est pas le bateau de qui vous savez ! » C'est vrai qu'on ne connaît pas de yacht appartenant à Nicolas Sarkozy. En revanche, « le Président a des amis qui lui en prêtent des bien plus grands », rebondit un militant.

article paru sur lefigaro.fr

Des militants de partis de gauche ont rebaptisé un yacht de Bernard Madoff amarré à Antibes, sur lequel ils ont déployé une banderole proclamant "on ne paiera pas pour les escrocs". Une trentaine de militants du parti communiste, du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et des dissident du NPA, se sont regroupés devant le yacht inoccupé du financier américain, amarré sur une jetée du port Gallice à Antibes.

Ils ont allumé des fumigènes et ouvert une bouteille de champagne après avoir placardé au-dessus du nom du navire, Bull, une affiche portant son nouveau nom : "Pwofitasyon".

"C'est le mot utilisé durant la lutte en Martinique pour désigner les profits abusifs", a indiqué Gérard Piel, conseiller régional (PCF). Les militants ont réclamé qu'une taxe soit instaurée dans les pays du sud de l'Europe sur le tonnage des yachts. La police est arrivée sur les lieux une fois l'opération terminée. Elle n'a procédé à aucune interpellation.

Le Bull, 27 mètres, est détenu par une société écran de Bernard Madoff. Immobilisé depuis plusieurs semaines à Antibes, il fait l'objet d'une saisie conservatoire au nom du fonds de gestion français Meeschaert, agissant au bénéfice de personnes lésées par Bernard Madoff. Ce dernier, aujourd'hui incarcéré aux Etats-Unis, est accusé d'une fraude gigantesque portant sur quelque 50 milliards de dollars et risque jusqu'à 150 ans de prison. La sentence doit être prononcée le 16 juin.

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