dimanche 23 mai 2010

Adiós Madrid ! (suite et fin)

Mon séjour à Madrid s'est studieusement poursuivi mardi par une longue séance devant mon ordi, enfermée dans ma chambre d'hôtel. Au menu, préparation des réunions de commission à la Région, qui nécessite des heures de lecture critique des différents rapports soumis au vote, et, dans un style approchant, un coup de main pour le parlement européen sur deux résolutions soumises au vote également, concernant la fermeture de réacteurs nucléaires en Hongrie et la mise en place d'un étiquetage énergie harmonisé au niveau européen. Et bien sûr le traditionnel communiqué du jour ;)

Mardi soir, changement complet d'ambiance pour la soirée de projection du documentaire d'Oliver Stone, South of the Border. Taxi, chaussures à talons, cocktail et événementiel siglé Euro RSCG... Les 4 niveaux différents d'invités, le tapis rouge et le choix du prestataire n'en finiront pas d'alimenter nos discussions, parfois animées, tout au long de la nuit qui a suivi dans un troquet de Madrid. Parce que franchement, les dispositifs de sécurité liés à la présence de chefs d'États justifient-ils vraiment de reléguer en arrière balcon les militants "de 4e catégorie" ?

Comment la révolution prend elle appui sur le système pour le renverser, à quel moment est-on dans le compromis et à quel autre se sert-on des armes de l'adversaire ? Comment, finalement, exercer avec doigté et justesse l'art du judo politique ? On a beaucoup discuté, bataillé ferme, et on n'a pas trouvé réponse à tout, mais passé une belle nuit de débats entre compañeros et consultants "image"... De quoi alimenter mes réflexions et renforcer mes convictions sur le rapport au système pour un bout de temps ;)

Le film d'Oliver Stone démarre sur des images de Fox News atterrantes, où une journaliste décervelée confond cacao, coca et cocaïne (sic) tout en traitant Hugo Chavez de dictateur assoiffé de sang. J'exagère à peine. Affligeant, et malheureusement assez représentatif de l'idéologie véhiculée par les médias dominants américains... Du coup, le documentaire d'Oliver Stone a le mérite de revenir sur la réalité de l'accession au pouvoir de Chavez au Venezuela, en faisant un tour par le Paraguay, la Bolivie, le Brésil et l'Argentine. Il dit malheureusement peu de la réalité de la transformation sociale dans ces pays, mais suffisamment tout de même pour donner envie d'aller y voir de plus près, ce qui est déjà assez rare dans les médias grand public pour être signalé. Libre ensuite à chacun de se faire son opinion, mais que ce soit sur des bases justes et argumentées. Pas sur le ramassis de bêtise et d'ignorance véhiculé par la Fox et consorts.

Plusieurs chefs d'États étaient présents, avec une mention spéciale pour Evo Morales, débarquant en baskets et littéralement acclamé par la salle. Impressionnant. Émouvant. Mais dérangeant, aussi. Tant de ferveur et d'espoir reposant sur un seul homme, fut-il Evo Morales, a toujours un côté un peu inquiétant. Peut être est-ce inévitable, peut être les révolutions, même citoyennes, ont-elle besoin de prendre appui sur un "leader" susceptible d'incarner un projet, de le rendre vivant, de lui donner corps. Je ne sais pas. Je réfléchis, comme nombre d'entre nous. On tâtonne, on cherche, on expérimente. Il faut juste savoir s'arrêter de temps en temps et regarder à côté, en arrière, le chemin parcouru, les erreurs commises, les avancées engrangées.

Il parait qu'une révolution a trois ans pour aboutir. Trois ans pour mettre en place les réformes indispensables, frapper un grand coup, avant de se faire rattraper par l'inertie du système. C'est bon à retenir.

Adiós Madrid. Et merci...









Haut de page