vendredi 18 juin 2010

L'Europe, Robin des bois du thon ?

Voici l'article que j'ai rédigé pour notre hebdo A Gauche sur la pêche au thon rouge (un gros poisson, celui là) et les derniers soubresauts de l'Union Européenne à ce propos. Je me suis largement inspirée d'un article préparé par une camarade du PG et par le communiqué de Jean Luc Mélenchon, en y rajoutant mon grain de sel ;)

Je vis au rythme de la biodiversité et de l'écriture en ce moment, mais chuttt, on en reparle bientôt...

Après avoir décidé de clore prématurément la pêche au thon rouge, la Commission européenne a finalement annoncé le 11 juin que les 171 tonnes de quotas restants pour la France pourraient bien être pêchés, mais uniquement par les pêcheurs côtiers, et non par les thoniers senneurs. Du point de vue du thon, le résultat est le même... Mais cette décision de l'UE de « prendre aux gros pour donner aux petits » mérite qu'on s'y attarde.

D'abord, parce qu'elle permet de rappeler que le thon rouge est en voie d'extinction. En 20 ans de pêche industrielle, 80 % de la ressource a disparu, et le stock peine à se régénérer. Le système des quotas relève donc d'un bon principe. Mais ceux-ci restent trop élevés, et les contrôles en haute mer se révèlent coûteux et insuffisants. En outre, après l'échec de Doha quant à une régulation internationale, les limitations ne concernent que les bateaux européens, soit seulement 60% du thon rouge pêché.

Ensuite, parce que cette décision de l'UE permet de revenir sur le distingo entre thoniers industriels et pêcheurs artisanaux. En 2009, la flotte française comptait 28 thoniers senneurs. Cette technique de pêche industrielle massive, pratiquée en haute mer, requiert des investissements lourds mais ne représente que 10 à 15 emplois par bateau, pendant la saison de pêche.

L'argent public dépensé en 15 ans pour encourager puis décourager cette activité donne le vertige. Au milieu des années 90, la France et l'UE offraient 1 million d'euros par bateau pour se lancer dans le thon rouge. En 2010, le plan de « sortie de flotte » pour envoyer à la casse douze de ces bateaux devrait couter 20 millions d’euros de fonds européens... Voilà qui rappelle par l'absurde toute l'importance d'une véritable planification écologique !

Il est urgent de revenir à une pêche soutenable, qui permette au stock de se régénérer et aux pêcheurs de poursuivre leur activité. Cela passe par des mesures d'accompagnement et des aides à la reconversion. La France et l'UE doivent assumer jusqu'au bout. Les thoniers n'ont pas à payer leur inconséquence, ni à assumer seuls la préservation du thon rouge. Leur activité doit être réorientée vers une pêche artisanale, côtière et polyvalente. L'extension d'une véritable zone économique exclusive française en Méditerranée, au delà des 70 miles de la zone de protection écologique de 2004, permettrait de garantir durablement des droits de pêche à la pêche artisanale.

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