C'est fou tout ce dont on arrive à parler dès lors qu'on commence à causer gratuité et services publics !
Samedi à Viry Chatillon, pendant toute une journée, nous avons débattu socialisation, rôle de l'État, biens communs, autogestion, mais aussi mensonges en politique, démocratie citoyenne ou encore capitalisme vert. Les discussions de la matinée étaient en fait si riches que j'ai bien cru que je n'aurais plus rien à dire lors de mon intervention de l'après-midi ;) Du coup j'ai pu concentrer mon propos sur la dimension internationale, et pour une fois tenir le laps de 10 minutes qui m'étaient imparties.
Gilles Clément, grand paysagiste et penseur du rapport à la nature, a été magistral tout autant qu'accessible, sur le tiers paysage et les friches, basant son propos sur un diaporama tout simple et très percutant, comme cet étal de marché du Sud où le marqueur remplace les étiquettes de prix et où des feuilles font office d'emballage naturel.
Les commandos culturels nous ont fait sourire avec leurs saynètes absurdes, costumés en oligarques inquiets de voir les gens s'aimer librement (concurrence déloyale aux sites de rencontre !), rire gratuitement (concurrence déloyale aux spectacles comiques !), parler, penser en individus libres.
Gabriel Amard et Paul Ariès ont fait un superbe duo, le philosophe et l'élu praticien, la théorie et la pratique, tous deux brillants dans leurs domaines. L'intervention d'Aurélien Bernier a renforcé dans l'esprit de tous les présents qu'il n'y avait vraiment aucune raison pour que le Mpep ne rejoigne pas le Front de Gauche... J'y reviendrai dans un autre billet. Jean Michel Drevon très bon sur les États Généraux du Service Public, permettant de réveiller tout le monde après la pause déjeuner (que du bio, du bon, du local et du recyclable !).
Et Jean Luc Mélenchon, après s'être imprégné de nos échanges ( "le seul talent que j'ai, c'est d'être une éponge") a conclu en nous faisant part de ses réflexions philosophiques et politiques sur la question de la gratuité : sur l'intérêt des mots obus chers à l'objection de croissance, l'importance de réinterpeler constamment ses certitudes, de combattre les trois piliers de l'idéologie dominante que sont l'industrie du divertissement, la publicité et les médias.
Après avoir audacieusement interrogé la notion de relation amoureuse, cité Proudhon ("la propriété c'est le vol") et rappelé que "la rupture ne se fera pas sous la forme d'une discussion aimable autour d'un tapis vert", approuvé avec force les propos de Paul sur "la compétence des incompétents", et souligné la caractère anticapitaliste du combat pour la gratuité comme outil de lutte contre la précarisation, pour la sécurité, et donc contre la société de domination par la peur, il a conclu : "la gratuité, ce n'est pas une absence de valeur, c'est un autre modèle de valeur !"
Ce colloque a permis je crois à la fois de détecter dans le présent les prémisses d'un autre futur possible, d'échanger et tisser des alternatives entre universitaires, historiens, économistes, élus, praticiens, syndicalistes, militants et citoyens.
Les journalistes de Dimanche +, l'émission de Canal, sont venus faire un reportage sur l'eau et le retour en régie publique, suite à l'action de la communauté d'agglo des Lacs de l'Essonne, ça devrait passer en décembre. Le site Netoyens! était aussi présent, on a fait une petite interview bientôt sur leur site. Un bouquin est paru chez Golias, vous pouvez le commander, et un DVD devrait voir le jour.
En attendant, après la vidéo de mon intervention voici celle de Paul, grâce à mon camarade Jean Charles Girault qui était venu filmer tout ça pour la Télé de Gauche 77. Merci à lui !
