J'avais fait ici-même un point d'étape lors la rentrée dernière, mais depuis septembre le moins qu'on puisse dire est que les actions se sont
enchainées, jusqu'au week end dernier où notre participation à la
seconde conférence méditerranéenne à Istanbul organisée par le PGE
(parti de la gauche européenne), où j'étais invitée avec Alain
Billon notre responsable Maghreb-Machrek, m'a permis de constater
une belle avancée de nos idées.
Comme je vous le disais, j'y ai notamment découvert que notre Manifeste avait été traduit à
Chypre et intégré à leur programme là-bas (voir la décision
de congrès sur l'écosocialisme du parti YKP chypriote, pour l'instant uniquement en turc
hélas, on essaye de le traduire). Le Front populaire
tunisien s'en est également emparé via sa commission d'experts, et
nous devrions très prochainement disposer d'une version en arabe. Lors du débat
de la session lors de laquelle je suis intervenue à Istanbul, des représentants
de die Linke et de Syriza sont intervenus très positivement, notamment sur la critique du terme de
"croissance", sur le refus du productivisme, et sur la nécessité
d'intégrer beaucoup plus l'écologie comme thème majeur de la gauche
radicale. Florilège :
- Panos (Syriza) : " La 'croissance', ce n'est pas notre terme, en tant que gens de gauche ! C'est un indice de quantité, alors que ce que nous cherchons nous c'est la qualité du développement !"
- Murat (Chypre) : "Nous devons inscrire
l'écosocialisme dans nos agendas, le Manifeste du PG va nous y
aider, c'est une opportunité"
- Un camarade de die Linke : "Merci de renforcer ce débat,
l'écologie est une question centrale pour la gauche !"
Et tout le monde de s'y mettre et participer au débat dans une salle vivifiée, jusqu'à l'un des interprètes turcs qui n'y tenant plus est sorti de sa
cabine de traduction pour me parler des dégâts de l'extraction d'uranium
au Niger.
J'ai du coup déposé au nom du PG un amendement pour ajouter le paragraphe
suivant dans la déclaration finale : "We refuse the capitalist
thinking in terms of "growth" that sacrifies both workers and
natural resources. Our model of development must take into account
the limits of ecosystems and combine both ecology and socialism"
(Nous refusons la pensée capitaliste qui consiste à raisonner en
terme de "croissance" et sacrifie à la fois les travailleurs et
les ressources naturelles. Notre modèle de développement doit
prendre en compte les limites des écosystèmes et combiner à la
fois écologie et socialisme). S'il est accepté, ce serait un pas notable vers l'objection de
croissance et l'antiproductivisme. On verra...
D'autres voix intéressantes ont émergé dans le débat sur la question
du nucléaire civil en Turquie, l'extraction de gaz et de pétrole en
Méditerranée orientale, sur comment combiner développement et
environnement - ce qui m'a fourni l'opportunité de présenter feu
l'initiative Yasuni ITT -, et j'ai en conclusion proposé que soient menées des campagnes communes pour une Méditerranée écosocialiste. Pour ce qui concerne les
Chypriotes qui sont venus me voir pour me demander comment on
pouvait travailler en commun, je leur ai proposé d'intégrer notre
réseau écosocialiste européen. J'ai également soumis l'idée d'une
tribune commune France - Chypre - Tunisie - Maroc sur
l'écosocialisme en Méditerranée. A suivre, donc.
Du côté du réseau écosocialiste européen justement, pour rappel nous
nous sommes réunis en décembre à Barcelone, la prochaine
rencontre aura lieu en Roumanie en juin. Nous étions
également en janvier
à Berlin avec Hadrien Toucel, où nous avons présenté
l'écosocialisme et les partenariats public-privé auprès des
européens de Berlin à l'invitation de die Linke. Enfin, je me permets de signaler deux récentes tribunes sur
l'écosocialisme, l'une
théorique sur le site Mémoire des Luttes, reprise sur de
nombreux sites notamment par Le Courrier suisse, l'autre appliquée à
ce
que serait un budget écosocialiste publiée avec Nolwenn Neveu de
la commission Économie du PG, publiée sur Libération à l'occasion du vote du projet de
loi de finances 2015.
En France aussi, nos travaux des Assises pour l'écosocialisme se
poursuivent avec des rendez-vous à Limoges le 2 avril, à Tarbes le
25 avril, Bruxelles sans doute le 9 mai, jour où se tient également
le Forum écosocialiste de la forêt dans les Pyrénées orientales. Des
assises écoscialistes de l'agriculture sont également en cours de
préparation pour le 23 mai, et je suis
invitée à parler d'écosocialisme au Forum Emmaüs Lescar-Pau en
juillet.
Voilà, tout ceci avance bien et dans la période ça vaut le coup de mettre un petit coup de projecteur sur les bonnes nouvelles je crois...