samedi 14 mai 2011

Hypocrisie et enfumage : décryptage simple et rapide de la loi sur les gaz de schiste

En complément du communiqué du collectif drômois, quelques mots sur l'adoption de la loi sur les gaz de schiste à l'Assemblée nationale mercredi... Brièvement, et simplement, pour que chacun-e y trouve des arguments simples et éclairants. En 8 points :


1. D'abord, il est toujours utile de rappeler que pour qu'une loi soit appliquée, il faut un décret d'application...

2. Ensuite, la loi votée, contrairement à ce qui a été prétendu, n'abroge aucun permis. Elle demande simplement aux industriels de dire si ils font appel à la technique dite de "fracturation hydraulique" dans les deux mois. Il leur suffira de parler de "stimulation hydraulique", et le tour est joué. Cet article est d'une hypocrisie totale : il n'existe pas d'autre technique aujourd'hui pour libérer les gaz contenus dans la roche.

3. Elle n'interdit pas non plus les forages off shore, en Méditerrannée ou en Guyane.

4. Par ailleurs, le débat public demandé a été retiré du texte de loi, on aura juste droit à un rapport annuel. Les rapports, merci, on connait. C'est pas ça qu'on demande, on ne veut pas qu'on nous donne des infos après coup, mais qu'on nous demande notre avis avant !

(au passage, attention à ne pas nous laisser coincer sur les termes, voir la confusion savamment entretenue un temps entre exploration et exploitation : le nouveau Code Minier indique une phase d'exploration possible pendant 5 ans renouvelable 2 fois, soit 15 ans pendant lesquels le gaz extrait peut être commercialisé !)

Et surtout, la loi cherche à ne focaliser que sur la technique de fracturation hydraulique : mais quand bien même on imaginerait (un fantasme) de la fracturation hydraulique sans produits chimiques, sans haute pression qui provoque des secousses sismiques, sans risque de remontées des éléments radioactifs contenus dans le sous sol...

5. Restent les allers retours de camions pour acheminer de quoi forer puis réacheminer le gaz extrait.

6. Reste la ponction en eau, des volumes très importants, alors qu'on s'apprête à vivre une année de sécheresse très dure.

7. Reste que le gaz extrait est destiné à être brûlé, ce qui émet du CO2, et que l'extraction dégage du méthane, un gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le CO2.

8. Reste que si on décide d'exploiter les gisements, on peut dire adieu à toute politique volontariste en matière de transition énergétique : pourquoi investir massivement dans les réductions de consommation, l'efficacité énergétique, la rénovation thermique des bâtiments, et les renouvelables alors que les multinationales capitalistes nous fourniront du gaz en veux tu en voilà ?!

... Donc, plus que jamais, le combat continue !

Dans les collectivités et surtout par la mobilisation populaire. Mercredi soir à Crest (la ville d'Hervé Mariton, Député - Maire UMP qui s'est courageusement abstenu), on était 120 dans la salle pour visionner Gasland et débattre. C'est bien, ce n'est qu'un début.

La mobilisation a mis le ouaille au gouvernement, on l'a vu. Alors on lâche rien, on continue !

pour plus de détails, et des liens vers le texte de loi et les vidéos des débats

et l'analyse à chaud sur OWNI de ce que la loi n'interdit pas

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