jeudi 9 février 2012

Quand Monsieur Mariton déraille (ses gares)

... Il n'en rate pas une. On finit juste le communiqué ci dessous que le sieur Mariton trouve le moyen de voter contre une plus grande parité dans la haute fonction publique.

Mais pour en revenir à nos wagons : en 1997, en application de ces chouettes directives européennes qu'on aime tant, la gestion des infrastructures ferroviaires a été séparée de celle des services de transport et confiée à Réseau ferré de France (RFF) en lieu et place de la SNCF. L'objectif officiel : éviter les "distorsions de concurrence". En clair : casser le monopole de la SNCF, s'attaquer au statut de ses salariés et ouvrir un nouveau marché aux opérateurs privés.

Sauf que... 50.000 personnes chargées de la gestion de la circulation et de la maintenance des infrastructures au sein de la Direction de la circulation ferroviaire (DCF) et de SNCF Infra, sont tout de même restées rattachées à la SNCF. Voilà ce qui heurte aujourd'hui les convictions de monsieur Mariton, qui, alors même que la Commission européenne se contenterait d'une séparation des comptes des deux entités, se prononce en faveur du rattachement de ces travailleurs à RFF. C'est vrai, après tout. Pourquoi faire libéral quand on peut faire ultra-libéral ?

Les syndicats CGT, CFDT, UNSA et CFTC ont appelé à la grève le 8 novembre dernier dans le cadre d'une journée d'action européenne contre la libéralisation du système ferroviaire, organisée par la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF). "Nous souhaitons empêcher l'explosion de l'entreprise historique afin de maintenir un lien étroit entre les gestionnaires du réseau et l'opérateur" déclarait alors la CGT. "Pour l'efficacité du système, conserver un acteur pivot semble la meilleure solution. Séparer l'infrastructure, les gares, les ateliers de gestion du matériel...serait contre-productif" insistait l'UNSA Transport. "Avec ces mesures, l'Europe souhaite plus de concurrence. Dans le fret, la concurrence est un échec total. La part de marché du rail baisse, tandis que les conditions sociales de nos personnels se sont dégradées. Continuer dans cette direction n'est pas la solution" ajoutait enfin la CFDT.

Même la SNCF et son Président-directeur général se sont prononcés contre cette réforme, pour des raisons d'efficacité !

Eh oui, mais monsieur Mariton est un prophète intransigeant du libéralisme et ce credo ne saurait souffrir le moindre accommodement, quand bien même un tel acharnement dans la libéralisation du transport de passagers doit conduire à une catastrophe comparable à celle de la libéralisation du fret : "tant que le droit communautaire laissera perdurer la possibilité de regrouper dans une holding l’infrastructure et les services de transport, il demeurera toujours un doute quant à la non-discrimination. De plus cela entretiendra la tentation pour des pays ayant effectué la séparation de revenir à une structure intégrée afin d’asseoir les positions de son opérateur historique." Il s'agit donc bien d'interdire tout retour en arrière en matière de casse du service public. On ne saurait faire preuve de plus d'arrogance !

Bon. Promis, on va tout faire pour changer de Député ici dans la 3ème circonscription de la Drôme.

COMMUNIQUE DE CORINNE MOREL DARLEUX

Candidate FDG aux législatives (3e circonscription Drôme)
Secrétaire nationale à l'écologie du Parti de Gauche et Conseillère régionale Rhône Alpes

Monsieur Mariton, député UMP sortant de la Drôme, a déposé le 1er février un rapport à l'Assemblée Nationale "relatif à l'organisation ferroviaire dans le contexte européen" où il préconise "que la France doit agir pour que le principe de la séparation totale entre gestionnaire d'infrastructures (Réseau ferré de France, RFF) et opérateurs (SNCF) soit clairement inscrite dans le 4e paquet ferroviaire, afin que "la concurrence puisse opérer dans des conditions saines".

Morceler l'entreprise publique SNCF, s'attaquer au statut des cheminots, ouvrir un nouveau marché aux opérateurs privés... Après avoir été l'un des principaux acteurs de la privatisation des autoroutes,  M. Mariton s'attaque aujourd'hui au rail. Dans quel but ? Améliorer les conditions de transport des usagers ? Développer le rail afin de permettre au plus grand nombre un accès au transport collectif ? Répondre aux exigences d’un Grenelle de l’environnement devenu lettre morte ? Non ! Le seul but de M. Mariton et ses amis est de dégager de la manne financière au profit de quelques uns.

Les libéraux qui ne cessent de décrier notre pays et ses performances, tout en vantant les mérites des voisins, feraient bien d'aller y regarder de plus près. Partout où sont conduites ces politiques de privatisation, les voies ferrées disparaissent et les haltes voyageurs ferment, faisant de la route l’unique mode de déplacement. C’est ainsi qu’en Grande-Bretagne on ne compte plus les accidents et le manque d'entretien des voies,  jugé pas assez rentables pour les financiers. Alors même que ces pays en reviennent et nous envient notre système qui résiste aux coups qui lui sont portés, nous le bradons ! Alors même que le PDG de la SNCF et des experts dénoncent la non efficacité de la séparation, M. Mariton persévère !

D’autres solutions existent, portées par les travailleurs du rail « afin de maintenir un lien étroit entre les gestionnaires du réseau et l'opérateur » et relayées dans le programme du Front de Gauche "L'humain d'abord" et son candidat Jean Luc Mélenchon. Nous revitaliserons nos services publics en empêchant les entreprises privées de venir se gaver sur les tronçons les plus rentables, et laisser les endroits les moins fréquentés à d'autres. Nous relèverons le grand défi des objectifs fixés par la planification écologique pour que le transport combiné et le ferroutage deviennent la règle, grâce notamment au retour au wagon isolé. Nous impulserons, aux côtés des Régions, un véritable service public des TER en rouvrant les gares pour désenclaver nos villages et offrir l’égalité territoriale. Nous reverrons les tarifs pour que toutes et tous aient accès aux transports.
 
En Val de Drôme, nous continuerons à résister pour que la "ligne de Die, ligne de vie" reste au service de l'intérêt général et des habitant-e-s ; pour le maintien de la ligne Briançon-Paris qui crée un lien essentiel entre la province et la capitale ; pour la réouverture des guichets et des gares de fret nécessaires à l'économie locale (par exemple pour la clairette à Die et le bois à Luc-En-Diois) ; pour le maintien des haltes voyageurs comme à Luc en Diois. Nous voulons la priorité au transport public dans l'affectation des voies et non au transport privé de marchandises, et nous renforcerons les moyens en personnels et en matériel pour l'entretien la maintenance et l'investissement.
 
Pour plus de trains, moins de retards et de défaillances, et plus de présence humaine en gare, halte à la casse de la SNCF !

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