mardi 25 juin 2013

Soy una madrina (Donde Estan, Uruguay)

uruguaydonde.jpgJe suis devenue une "madrina" à l'invitation de l'association ¿Dónde Están? créée en 1997, en solidarité avec les familles des disparus et avec toutes les victimes de la dictature. Lutte contre l'impunité, pour la justice et pour la vérité et travail de mémoire, leur action a permis notamment de retrouver Simon, fils de Sara Méndez, et Macarena Gelman, petite-fille du poète argentin Juan Gelman, en 2000 et 2002. Ce soir, ils accueillent à Paris Yvonne Klingler, qui parlera de la violence sexuelle sous la dictature. L'objectif des "madrinas" est de constituer un groupe de 28 marraines, en symétrie avec le nombre de plaignantes - même si deux d'entre elles sont malheureusement décédées - afin de relayer, soutenir et chercher des soutiens en Europe. Nous sommes déjà vingt. Voici notre appel.


Violence sexuelle en Uruguay pendant la dictature, des anciennes prisonnières politiques demandent justice et dignité

Le vendredi 28 octobre 2011, vingt-huit femmes uruguayennes, anciennes prisonnières politiques, ont entamé une action en justice contre plus d'une centaine de militaires, responsables des tortures et violences sexuelles dont elles ont été victimes dans les casernes et prisons uruguayennes pendant les années de la dictature et du terrorisme d’Etat (1972 - 1985).

Ces femmes portent plainte pour crimes contre l'humanité perpétrés de façon systématique et planifiée. Leur démarche est l'aboutissement d'un long travail de rencontres, d'échanges et de réflexion mené par les victimes avec l'aide de psychologues. Aux dires mêmes des victimes, il a été très difficile pour elles de se remémorer des épisodes aussi traumatisants et encore plus d'en parler, tant la douleur et l'humiliation subies les ont marquées.

Or, la démarche de ces femmes si courageuses, décidées à briser le silence sur les violences sexuelles subies pendant la dictature, s'est heurtée à un appareil judiciaire qui, dans le cadre de la politique d'impunité et de déni pratiquée par l'État, s'est montré, à de rares exceptions près, particulièrement insensible, pour ne pas dire hostile. Certains juges sont allés jusqu'à l'outrage aux victimes, en leur posant des questions telles que "N'avez-vous pas fait de geste équivoque ?" ou "Aviez-vous vos règles au moment des faits ?".

Face à cette situation, nous tenons à exprimer notre solidarité totale envers ces femmes courageuses et nous nous engageons à les soutenir et à les accompagner dans cette lutte si délicate et douloureuse. Nous exigeons de la justice uruguayenne qu'elle respecte leur dignité de victimes et de femmes et prenne en compte leurs trois principales demandes:

- qualifier les viols et les tortures sexuelles commis pendant la dictature comme des crimes contre l'humanité, imprescriptibles et non amnistiables

- créer un tribunal spécialisé pour l'instruction de ces affaires

- mettre en place une structure de suivi psychologique et juridique des victimes

Paris, le 25 juin 2013

Maïté Albagly - Experte européenne sur les violences faites aux femmes

Delphine Beauvois - Secrétaire nationale du PG à l'Egalité et au Feminisme

Martine Billard - Ancienne députée

Marie-France Casalis - Porte-parole du Collectif Féministe Contre le Viol

Anna Castillo - Juriste

Carmen Castillo - Cinéaste

Angela Commiso - Sociologue

Geneviève Duché - Présidente de l’Amicale du Nid

Alicia Dujovne Ortíz - Ecrivaine

Marianne Hook - Ancienne fonctioinnaire international

María Luisa Jáuregui - Sociologue

Jessie Magana - Ecrivaine

Gabriela Maureira - Médecin

Corinne Morel Darleux - Conseillère régionale Rhône Alpes

Annie Morvan - Editrice

Emmanuelle Piet - Médecin

Ernestine Ronai - Militante féministe contre les violences envers les femmes

Sophie Thonon - Avocate

Rosa María Torres - Pédagogue

Henriette Zoughebi - Vice présidente de la Région Ile de France

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