jeudi 13 décembre 2012

En direct de la Région : Du fourrage pour nos élevages !

IMG_20120816_185527.jpg"Du fourrage pour nos élevages"

Session des 13 & 14 décembre 2012

POLITIQUE REGIONALE DE SOUTIEN A L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE DES ELEVAGES

Intervention de Corinne MOREL-DARLEUX,

Groupe Front de Gauche : Communistes, Parti de Gauche, Gauche Unitaire et partenaires

Les éleveurs rhônalpins, comme les agriculteurs de nombreux territoires en France, sont pris entre deux feux : d’un côté le rouleau compresseur de la spéculation sur les matières premières et les produits alimentaires, de l’autre, la dérégulation libérale du secteur avec une PAC (politique agricole commune) qui n’est plus en capacité de répondre aux difficultés du monde agricole.

Au niveau international l’OMC, le FMI et la Banque Mondiale ont impulsé la libéralisation des marchés, alimenté cette bulle spéculative et poussé les paysans du Sud vers des monocultures destinées à l’export. Les terres arables sont de plus en plus destinées non à l’alimentation locale, mais à des produits qui ont pour caractéristique de bien se vendre à l’étranger et d'ainsi améliorer la balance commerciale des pays : huile de palme, agrocarburants et, ce qui nous intéresse aujourd’hui pour cette délibération, beaucoup de soja OGM. Et ce, alors que nous pourrions produire en Rhône-Alpes soja et autres cultures riches en protéines.

En parallèle, depuis des années, les politiques publiques ont longtemps favorisé une agriculture intensive qui bénéficie aux plus grands exploitants et ne permet plus de faire face aux enjeux actuels d’une agriculture vivrière, paysanne, bio et locale. S’ajoutent à cela les nouveaux impératifs liés aux enjeux environnementaux : le changement climatique avec ses conséquences entre autres sur la multiplication des aléas et des épisodes de sécheresse, et la présence des OGM à laquelle il devient de plus en plus compliqué d’échapper, puisque nous importons principalement en provenance de pays producteurs d’OGM (Brésil, Argentine, États Unis). Résultat : le nombre d’éleveurs ne cesse de baisser, les déséquilibres territoriaux et environnementaux s’aggravent, la dynamique socio-économique rurale se désagrège.

Aujourd’hui, le maintien de l’emploi paysan, la production d’une alimentation saine et locale et la souveraineté alimentaire restent des défis à relever au profit des populations, consommateurs comme agriculteurs.

C’est ce que nous propose de faire la délibération qui nous est présentée aujourd’hui, à l’échelle de la Région Rhône-Alpes. En effet, nous y actons d’œuvrer à l’indépendance des éleveurs vis-à-vis des importations de matières premières et à l’amélioration de leur revenu. Nous approuvons totalement cette volonté de la Région de favoriser un approvisionnement de proximité des matières premières pour l’alimentation des animaux. Elle passe en effet par une relocalisation de l’économie, dont la transformation des matières premières en région, et par le rapprochement de l’offre et de la demande. La relocalisation des productions est partie intégrante de la transition écologique de l’agriculture. Le rapprochement géographique des activités agricoles et d’élevage en constitue un élément important.

Pour aller plus loin et sécuriser le revenu des éleveurs, il faudrait également une contractualisation avec les autres acteurs de la filière : aujourd’hui les éleveurs sont pris entre les industriels producteurs de nutrition animale et les distributeurs qui refusent de relever leurs prix d’achat alors qu’ils prélèvent des marges inacceptables. La libéralisation de l’agriculture a engendré la baisse des prix payés aux producteurs et une dépendance encore accrue vis-à-vis de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution. Réforme après réforme, l’Union Européenne a sacrifié la préférence communautaire et abandonné la régulation des prix et des marchés, au nom de la « compétitivité sur le marché mondial ». Elle a ainsi favorisé une concentration encore accrue des outils de production et de la propriété, entravé l’accès aux jeunes au métier d’agriculteur, généré la perte de savoir-faire traditionnels et une expansion du modèle agricole productiviste, aux dépens de l’environnement, de la qualité des produits et de la santé publique.

Nous portons au contraire au Front de Gauche le principe, au niveau européen, d’un plan de relocalisation de la production de protéines végétales et de reconquête de l’indépendance protéique de l’Europe, incluant une protection contre les importations de soja, un prix de marché intérieur minimum des protéagineux favorisant le développement de leur production et un encouragement à la consommation de protéines végétales.

Mais pour en revenir au niveau régional : cette délibération s’inscrit dans la même logique de coopération qui avait guidé l’action de la Région lors de la délibération en faveur des éleveurs touchés par la sécheresse à l’été 2011. Nous allons ici plus loin avec une approche structurelle de notre intervention, à la fois volontariste et à rebours des politiques libérales mises en place à l’échelon européen.

En conclusion, nous nous félicitons de cette délibération qui combine défense de l’emploi et du revenu des agriculteurs, préoccupation environnementale et relocalisation, solidarité inter-territoriale et inter-professionnelle.

Nous la voterons avec plaisir.

Haut de page