samedi 14 décembre 2013

En direct de Madrid - L'écosocialisme, l'inattendu du Congrès PGE

CorinneCongresPGE.jpg... Tant de choses à raconter. Ici la vie s'accélère et le temps file sans qu'on ne sache plus si c'est le jour ou la nuit, mais le travail de fond porte ses fruits puisque nous sommes en train de bâtir un véritable réseau écososocialiste avec Syriza pour la Grèce, le Bloco du Portugal, l'Alliance rouge-verte Danoise et die Linke en Allemagne. Tous ont signé notre motion que je vous remets ci-après avec notre communiqué et mon intervention en session plénière du Congrès du Parti de la Gauche Européenne (PGE).

Autant vous dire que ça bouscule ici et que, pourquoi le nier... C'est bon.


Communiqué du Parti de Gauche

La délégation du Parti de Gauche au Congrès du Parti de la Gauche européenne réuni ce jour à Madrid s'est associée aux autres délégations de jeunes partis européens pour proposer une motion ecosocialiste.

Avec Syriza de Grèce,  Die Linke d'Allemagne,  Bloco de Esquerda du Portugal et l'Alliance rouge et verte du Danemark,  le Parti de Gauche porte une motion visant à ce que le PGE opère le nécessaire tournant écosocialiste qui est cœur d'un projet de gauche moderne.

Ensemble, ils affirment que  "la gauche européenne sait que l'émancipation humaine ne peut être atteinte par le biais d’une croissance économique sans fin. Le PIB est loin d'être un indicateur de bien-être (…) L'écosocialisme n'est pas une utopie à laquelle la réalité doit se conformer, mais une réponse humaine rationnelle à la double impasse du social-libéralisme et du capitalisme".

Congrès PGE – Madrid – 14 décembre : « Pour l'écosocialisme », Intervention de Corinne Morel Darleux pour le Parti de Gauche (FR)

Chers ami-e-s, camarades,

Nous le savons toutes et tous au sein du PGE, on nous répète à longueur de médias qu'il n'y a pas le choix, que la crise est là et que l'austérité est la seule voie... There is no alternative, « TINA », c'est hélas le même refrain de Porto à Madrid, de Londres à Athènes, et chez tous les libéraux de droite comme de gauche.

En France, le gouvernement de François Hollande joue l'économie de l'offre, entérine les traités européens et les accords de compétitivité dictés par le patronat. Sur le plan environnemental, la sociale-démocratie a prouvé ses limites également en suivant aveuglément la logique productiviste : produire pour produire, sans se poser la question des besoins réels ni des impacts environnementaux et sociaux.

Au niveau européen, le marché carbone ne vise qu'à reproduire les mécanismes financiers qui nous ont menés à la crise. Le dernier sommet international sur le climat à Varsovie a intégré pour la première fois les multinationales privées dans le cadre des négociations et a poussé les ONG à claquer la porte avant la fin du sommet.

Cette vision d'accompagnement du système est dépassée et totalement à contre-sens des enjeux de transformation social et écologique que nous avons à relever. C'est pourquoi nous proposons un nouveau projet, l'écosocialisme, qui combine le meilleur de la tradition de gauche et de l'écologie politique sur les plans à la fois sociaux, environnementaux et économiques.

Au Parti de Gauche, nous avons travaillé avec de nombreuses personnalités et réseaux et ce travail a abouti à un Manifeste pour l'écosocialisme qui décrit cette synthèse politique en 18 thèses. Il a été traduit dans une dizaine de langues et a déjà été présenté dans plus de dix pays d'Afrique du Nord, d'Amérique du Sud et d'Europe.

Il est essentiel pour l'avenir de notre gauche critique en Europe et dans le monde de proposer une alternative claire au capitalisme vert, de rupture vis à vis de l'austérité et des politiques libérales.

Ce projet, nous le savons, bouscule les idées reçues. Mais il est à la hauteur de l'ambition qui doit être la nôtre. Renouveler la doctrine de la gauche en intégrant à la fois la bataille culturelle, l'extension des droits sociaux et la préservation de la biosphère qui rend la vie humaine possible sur terre. Replacer le système productif et l'économie au service du progrès humain et des besoins réels, c'est ouvrir la voie au bien vivre, le buen vivir comme disent nos amis d'Amérique du sud.

Il nous appartient aujourd'hui de donner corps à ce projet conjuguant justice sociale et préservation de l'environnement. Car nous ne pouvons pas résister et lutter sans construire une alternative politique à la droite, à l’extrême droite et aux libéraux en tout genre. Et cette alternative a besoin d'un projet crédible et porteur d'espoir. Un projet qui donne à voir qu'une autre société est possible, pour que la colère légitime qui s'accumule dans nos pays ne bascule pas du côté de la haine et de l’extrême droite.

C'est la raison pour laquelle le PG, avec l'alliance rouge-verte du Danemark, le Bloco du Portugal, die Linke en Allemagne et Syriza pour la Grèce, proposent une motion sur l'écosocialisme, en cohérence avec le texte politique soumis au vote demain qui réaffirme fortement notre refus de la sociale-démocratie et la nécessité d'une alternative au capitalisme.

Ami-e-s, camarades, construire le projet écosocialiste est un investissement politique essentiel pour l'avenir de notre gauche, partout en Europe. Pour rompre avec le système et effectuer la nécessaire bifurcation sociale et écologique, soyons ambitieux ! Avec l'écosocialisme comme projet et la révolution citoyenne comme stratégie de réappropriation de la politique par chacun, la gauche européenne peut se donner les outils pour mener de front lutte institutionnelle, bataille culturelle et résistances de terrain.

Il faudra bien ça pour redonner aux citoyen-ne-s le goût de la politique, la vraie. Celle qui agit pour l'intérêt général et rend un autre monde possible. Le poète Paul Eluard a écrit « Un autre monde existe, il est dans celui-ci ». Allons le chercher !

Motion proposed by Parti de Gauche (Fr), Red-green Alliance (Dk), Syriza (Gr), Bloco (Port), die Linke (All) on ecological issues

Europe has been thrown into a deadly crisis, particularly for Southern European countries, which have seen their unemployment and poverty rates go through the roof, in proportions that remind us of the worst moments of the 20th century. The European Commission, the neoliberal and the social-democrat governments in power throughout the EU consider that the only way to get out of this crisis is for us to return to a pattern of economic growth based on supply policies. We do not agree with this productivist vision: producing only for production's sake, without any concern neither for social needs, nor for environmental consequences.

European leaders and Brussels' technocrats serving the financial interests are obsessed with only one thing: to put the capitalist growth-seeking system back on track at all cost. However, this policy is precisely what is weakening the whole planet and threatening our biosphere: ever more natural ressources spoiled to produce ever more consumption goods that do not fit real human needs anymore. Alternative industrial and agricultural models which would not be based on environmental predation are not even studied.

This lack of consideration for both the biosphere and human living conditions is epitomised in the capitalist solutions to the crisis, that favours "green growth" and the return to extractivism of conventional andunconventional forms of fossil fuels (coal, oil, natural gas, deep-sea oil, shale gas…) as well as harmful large-scale, multinational renewable energy projects, wind, solar and biomass, which degrade landscapes, agricultural land and forests. Just as worrying is the nuclearisation of the continent, like in Turkey where new plants are built in a very sensitive seismic zone. Will we soon get a European Fukushima?

The European Left knows that human emancipation cannot be achieved through never-ending economic growth. GDP is far from being a well-being indicator. Anyway the limits of our ecosystems will not allow it to grow forever. The rise of sea-levels in Northern Europe, drought and fires around the Mediterranean Sea, climate change and floodings in Central and Eastern Europe are evidence that our continent is under the threat of environmental risks due to contradictions in our system. This forces us to reconsider our production and trading system, and generally speaking our entire social and political organisation.

Our thoughts and political actions must be radical: they must go to the roots of the problem. We therefore think that we should fight the system's driving forces: consumerism aimed at the accumulation of material goods which widens social inequalities, the whole growth-oriented system which exhausts our biosphere's resources, the globalisation of the economy based on social and environmental dumping. We want to point to the real culprits: the financial oligarchy, and the ideologists who advocate for "free and fair" competition and trade.

Ecosocialism, meaning socioecological transformation, is at the junction of anti-capitalist ecology and productivism-free left movements; it is a project that raises the possibility of an alternative society of hope. This is no utopia with which reality should comply, but a rational human response to the double dead-end of social-liberalism and capitalism.

Our environmentalism is a social one, related to the Left’s historical battles. It is incompatible with economic liberalism which, under the guise of sustainable development, perpetuates the search for maximum profit, imperialist dynamics and short-term logics. It refutes the social democrat dead end that requires economic growth as the first condition to redistribution. There IS wealth out there, no need to wait before we can redistribute it! And this infinite expansion model leads to the suicide of human civilisation. Therefore, we are neither expecting growth at all costs, nor any "benefits" from austerity, we believe in neither.

Rather, our project involves an economy in the service of social needs: one that breaks away from economically-liberal orthodoxy. It implies disobeying the directives from this free-market Europe and involves the overhauling of the production system aiming at the "4 Rs": relocation, re-industrialization, industrial restructuring and redistribution of work. To overcome the limitations of the GDP index as an instrument to measure "well-being", it introduces a "green rule" as a systematic factor of the environmental imprint: Ecosocialism is an international and universal struggle which recognises the ecological and social debt caused by quick industrialisation and its effects on the climate, the plundering of natural resources, land grabbing, and the accountability rules imposed by the Troika.

We defend commoning, ie. peoples’ activity in connection to the commons, material resources or immaterial ideas, to produce cooperation and redefine "wealth" and "productive" tasks more autonomously from capital and its control.

We must reach a "new and original compromise between working classes and concerns for the planet". Employees fighting for their rights carry alternative projects with a great potential, hinting at the principles of environmental planning: consideration for the long-term logic, control by workers and users and public ownership.

Ecosocialism, meaning socioecological transformation, is a new synthesis to face the challenge of both social and environmental crisis - which have the same roots. It is the way to allow a shift in the economic model and to come out of the present system dead-end on top. It implies the use of practical radicalism and measures that we call environmental planning, based on the redistribution of existing wealth and a radically different productive system that will take into account environmental limits, on the rejection of all kinds of domination and oppression, and on popular sovereignty within democratic, republican and secular states.

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