OGM : La mutagenèse en procès politique à Orléans.
Hervé Eon, Faucheur volontaire
Corinne Morel Darleux, Conseillère régionale Rhône Alpes
Mathieu Agostini, Responsable de la commission Écologie
du PG
Le 9 avril dernier, 3 faucheurs volontaires comparaissaient en appel
suite au fauchage en 2010 de tournesols mutés en Touraine. Ce 24
juin, la cour d'appel d'Orléans a confirmé la peine de 3 mois de
prison avec sursis pour les deux faucheurs et a suivi les
réquisitions du parquet en condamnant le troisième, relaxé en
première instance, à trois mois avec sursis. Les juges ont assorti
la condamnation de 6 500 € de dommages et intérêts pour les deux
agriculteurs.
Les tournesols expérimentaux cultivés dans ce champ ont été obtenus
par mutagenèse (transformation des gènes en laboratoire avant d'être
plantés). Cette technique est reconnue comme Organisme Génétiquement
Modifié dans les classements européens mais a été sortie, sous la
pression des lobbies, du champ de la directive européenne 2001.18
réglementant les OGM en Europe.
Ce procès a donc une forte portée politique. C'est d'abord la
protection des lanceurs d’alerte qui est en question. La Cour
d'Appel avait d'ailleurs refusé les 55 comparants volontaires, niant
ainsi la réalité politique et solidaire de cette action collective.
Il s’agit ensuite de savoir si oui ou non, ces plantes sont
considérées comme OGM ! La défense a demandé la requalification des
poursuites en délit de fauchage (loi de 2008) au lieu de destruction
du bien d'autrui commis en réunion. Cela va dans le sens de la
reconnaissance que nous sommes bien face à un tournesol
génétiquement modifié.
En désobéissant, les prévenus nous donnent l’exemple. Rappelons que
ce sont ce type de lanceurs d’alerte qui depuis 10 ans se battent
contre le MON810, combat dont les faits leur ont donné raison après
10 ans de procès et de condamnations.
L'importance de maintenir un rapport de force constant vis à vis de
l'agrobusiness n'est plus à démontrer pour enrayer l'expansion des
OGM en Europe et dans le monde. Continuons le combat pour
l'agriculture paysanne et contre les OGM, et soyons prêts pour cela
à désobéir si il le faut aux traités et directives illégitimes de
l'Union européenne.