dimanche 4 octobre 2009

Vaffanculo Day (2) : en Belgique aussi...

Les photos se suivent et ne se ressemblent pas. Hélas. Après Rio, la centrale de Tihange...

La Belgique vient d'annoncer la remise en cause de sa décision de sortie du nucléaire, pourtant adoptée par la loi en 2003. Explications...

On retrouve en Belgique le scénario habituel : introduction du nucléaire à la fin des années 60 sans débat public, relance au moment du choc pétrolier, puis moratoire en 1988 sur la construction de nouveaux réacteurs suite à la catastrophe de Tchernobyl.

En 2003, sous la pression des écologistes, la loi d’abandon du nucléaire est adoptée. Elle prévoit l'interdiction de construction de nouvelles centrales, et la fermeture des 7 centrales existantes au maximum 40 ans après leur mise en service, soit une sortie progressive du nucléaire à échéance de 2025. Le nucléaire représente alors 57 % de l'électricité produite en Belgique.

Mais faute d'une véritable volonté politique et d'une planification sérieuse de réduction de la consommation et de développement des renouvelables, et prenant prétexte de la lutte contre les gaz à effet de serre, la Belgique pourrait bien aujourd'hui recourir à la clause de "force majeure" sur les risques d'approvisionnement énergétique prévue par la loi.

Comme en Allemagne, c'est le changement de majorité au gouvernement qui a relancé le débat pourtant tranché par la loi de 2003. Il n'y a plus d'écologistes au gouvernement en Belgique...

Ouverture des hostilités avec Paul Magnette, du Parti Socialiste Belge (qui avait pourtant voté la loi en 2003) et Ministre fédéral de l'Énergie, qui déclare dans l'édition du Standaard du 11 septembre que la loi sur la sortie du nucléaire n'est pas une « loi-Taliban » (sic).

Faire passer les anti nucléaires pour de dangereux extrémistes, une fois de plus... En France ça fait longtemps qu'on préserve les intérêts du lobby nucléaire en criminalisant les mouvements écolos. De la mise en cause de Stéphane Lhomme, du réseau Sortir du Nucléaire (classé sans suites), à l'espionnage par des commandites d'EDF des militants antinucléaires de Greenpeace, en passant par l'interdiction du défilé pour la fermeture de Fessenheim et l'impressionnant déploiement policier hier à Colmar...

Il faut dire que les intérêts en jeu sont importants... Comme en Italie, on constate une fois de plus qu'intérêts capitalistes, démocratie et intérêt général ne font pas bon ménage. En août 2005, Suez a racheté 98,5% des parts d'Electrabel - qui gère les centrales belges - et début 2006, Suez et GDF annoncent leur fusion.

GDF Suez qui déclare dans un communiqué du 1er octobre : "GDF SUEZ a pris connaissance des déclarations de M. Paul Magnette, Ministre du Climat et de l’Energie, relatives à la prolongation de la durée d’exploitation des centrales nucléaires Doel 1, 2 et Tihange 1. Le Groupe en prend acte et est disposé à poursuivre les discussions en cours avec pour objectif de conclure dans les meilleurs délais un accord global."

Les déclarations de Magnette viennent d'être rendues publiques, à peine quelques heures auparavant... Quelle réactivité. Impressionnant.

Belgique, Allemagne, France, Italie... L'heure est au nucléaire ;(


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Voiture "propre", nucléaire : on n'en sort plus !
Vaffanculo Day

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