De retour d'Amérique du Sud... On le savait déjà, mais franchement ça aide de s'éloigner pour prendre du recul et ouvrir de nouvelles fenêtres. Tout, là bas, incite à changer de perspective, à regarder la chose politique avec un autre regard, celui d'une ouverture internationale, celui des pays du Sud, celui d'une autre gauche qui s'invente populaire.
J'ai essayé de passer un maximum de temps dehors,
de tout observer, pour ne pas en perdre une miette. Parcourir les
rues, boire des bières en terrasse, manger dans les restaus
populaires, regarder les danseurs de tango et les conducteurs de 4x4
tambien, avec la même curiosité.
Se dépouiller de ses réflexes
d'européenne pressée et psychorigide, se laisser conduire dans les
méandres de cet univers inconnu, le découvrir avec une curiosité
sans préjugés. Profiter de chaque seconde, emmagasiner un maximum
d'odeurs, de bruits, d'images, de sensations bolivariennes :)
J'ai découvert avec ravissement les fascicules de
textes de loi vendus en kiosque à côté des clopes et des journaux
d'opposition (en ai même trouvé une sur la protection de la
biodiversité !) ; les émissions de télévision réalisées par les
mouvements sociaux eux-mêmes, coopératives, paysans, syndicats de
travailleurs, féministes... ; les expérimentations concrètes d'une
économie du troc et de monnaies alternatives.
Découvert aussi les immeubles en cage, les barbelés
et les monceaux de détritus. Les rues qui appartiennent aux
voitures, le bruit permanent, la pollution étouffante. La violence
de l'affrontement politique par journaux interposés, et l'économie
aux mains de la même classe oligarchique, celle que l'on retrouve
partout sur la planète.
Mélange curieux d'impression que tout est possible,
et en même temps que la mainmise du capitalisme mondialisé est
impossible à abattre...
Il reste tant à faire.
Je rentre le regard rafraichi, envie
d'en apprendre plus, stimulée et curieuse. En fait, j'ai pris une
dose de bonheur fou à être là, au milieu des voitures et de la
foule, à l'autre bout du monde...