jeudi 29 novembre 2012

L’écosocialisme, réponse à l’impasse capitaliste (Tribune dans Politis)

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Et voici notre tribune, rédigée avec Mathieu Agostini à l'occasion des Assises pour l'écosocialisme qui nous a valu les honneurs de la Une de Politis.fr à retrouver dans les kiosques cette semaine !



L’écosocialisme, réponse à l’impasse capitaliste



Nous savons dorénavant que l'émancipation humaine ne peut être atteinte par la croissance sans fin : l’écosystème ne le permet pas. Ce constat nous oblige à repenser le système de production et d’échange et plus globalement l’ensemble de l’organisation sociale et politique. Dans ces conditions, nous proposons un nouvel énoncé de notre stratégie pour le futur de l’humanité, l’écosocialisme. Ses méthodes sont la radicalité concrète, la planification écologique et la révolution citoyenne. Il est basé sur la répartition des richesses, la prise en compte des contraintes écologiques, le refus des dominations et oppressions de toutes sortes, la souveraineté populaire et le caractère démocratique, républicain et laïque de l’État.

L’écosocialisme est la jonction d'une écologie anticapitaliste et d'un socialisme débarrassé du productivisme dans un projet de société alternatif porteur d'espérance. Il n’est pas une utopie à laquelle le réel devrait se conformer, mais la réponse humaine raisonnée à la double impasse capitaliste et productiviste. Nos pensée et action politiques sont radicales : elles vont à la racines des causes. Nous combattons donc les moteurs du système : le consumérisme sacrant l'accumulation matérielle, le creusement des inégalités sociales, le productivisme qui épuise les écosystèmes, la mondialisation qui permet le dumping social et environnemental. Nous désignons les vrais coupables : l'oligarchie financière, les idéologues de la concurrence « libre et non faussée » et du libre échange.

Nous devons sortir des mystifications « socialistes » et « écologistes ». Notre écologie à nous est sociale, liée aux combats historiques de la gauche. Elle est incompatible avec le libéralisme qui, sous couvert de développement durable, fait perdurer la recherche du profit maximal, la dynamique impérialiste et le court-termisme. Elle réfute l'impasse sociale-démocrate qui voudrait que toute redistribution passe d’abord par la relance de la croissance. Les richesses existent, il n'y a pas lieu d'attendre pour les redistribuer. Et ce modèle d’expansion infinie est un suicide de la civilisation humaine. Nous n'attendons donc ni la croissance à tout crin, ni les « bénéfices » de l'austérité : nous ne croyons ni à l'une ni aux autres.


Notre projet implique au contraire une économie au service des besoins sociaux qui rompt avec la doxa libérale. Elle passe par la désobéissance aux directives de l'Europe libérale et implique la révision en profondeur du système productif par les « 4 R » : relocalisation, réindustrialisation, reconversion industrielle et redistribution du travail. Pour pallier aux limites du PIB à mesurer le « bien vivre », elle instaure la règle verte comme critère systématique d'empreinte écologique : l'écosocialisme est un combat internationaliste et universaliste, il reconnaît la dette écologique et sociale de l'industrialisation effrénée et ses effets sur le climat, le pillage des ressources naturelles, l'accaparement des terres, et la responsabilité des règles imposées par la Troïka.

Nous devons réaliser un « compromis inédit entre bleus de travail et souci de la planète ». Des salarié-e-s en lutte sont porteurs de projets alternatifs impliquant déjà les principes de la planification écologique : prise en compte du temps long, contrôle des travailleurs et usagers, maîtrise publique. Si la collectivité et l'État sont à refonder dans une VIe république assurant la souveraineté populaire, ils restent indispensables pour planifier la rupture, construire un cadre émancipateur et garantir l'égalité d'accès. Les biens communs comme l'eau ou l'énergie, les services publics qui jouent un rôle social et écologique essentiel doivent être nationalisés en repensant l'articulation entre État, syndicats, associations et usagers.

Il faut lutter et résister pour inventer à travers alternatives concrètes et actions de désobéissance civique non violente. En parallèle, il nous faut mener le combat idéologique par l'éducation populaire pour « décoloniser l'imaginaire » et dénoncer la vision d’un individu-consommateur docile. Nous en combattons les bras armés que sont la publicité, avec son cortège de marchandisation des corps et de sexisme, la mode et les médias avec leur injonction d'achat permanente.


La remise en cause du système ne peut résulter d’une simple alternance électorale et de décisions venues d’en haut. Elle exige que les majorités parlementaires écosocialistes conjuguent leur action avec des mouvements d’implication populaire dans tous les domaines. Cette réappropriation de l’initiative politique dans le but de déterminer quel est l’intérêt général, c’est ce que nous nommons la révolution citoyenne. Elle est indispensable pour éviter que le désespoir et la colère ne basculent du côté de la haine, et pour faire fleurir la révolution écosocialiste.


Le Parti de Gauche organise l'événement autour du projet écosocialiste le 1er décembre à l'Espace Reuilly (paris 12) et met à cette occasion en débat le « Manifeste des Assises : 18 thèses pour l'écosocialisme ». Infos pratiques : ecosocialisme.com

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