mercredi 12 juin 2013

Gaz de schiste : reprendre le combat pour le climat ! Ça urge.

camarades_au_boulot_FDG.jpgDepuis quelques semaines, l'offensive reprend de plus belle en faveur des gaz et huiles de schiste, tout comme des gaz de houille d'ailleurs. Pilotée par les lobbies et le Medef, relayée par l'Union européenne et désormais par le Parlement français, partout c'est la même rengaine : la sacro-sainte « compétitivité » passe avant l'intérêt général et les écosystèmes.

C'est ainsi que le 6 juin dernier, les parlementaires PS Bataille et UMP Lenoir ont publié l'attendu rapport de l'Office d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) pour des alternatives à la fracturation hydraulique, interdite par la loi de juillet 2011. Il préconise une fracturation hydraulique « propre »... Un contre-sens écologique total. Un, la fracturation hydraulique ne sera jamais une technique propre, les experts de Total eux-mêmes l'ont reconnu - j'avais interpellé à ce sujet M. Courme, responsable de la branche Europe lors d'un colloque à la Région. Deux, à l'heure ou l'enjeu véritable de la transition énergétique est de réduire notre consommation d'énergies fossiles et de lutter contre le dérèglement climatique, le rapport ne préconise rien de moins que d'accélérer dans cette voie ! Le comble du cynisme est atteint lorsque le rapport préconise de financer la transition écologique à l'aide des gaz de schiste. (Lire également ici l'excellent bêtisier de Jade Lindgaard et l'analyse du Journal de l'environnement).

Quand tous ces gens comprendront-ils enfin que le problème ne concerne pas que l'extraction, mais aussi les émissions de gaz à effet de serre dégagés par ces gaz à l'usage et notamment l'un des plus puissants d'entre eux, le méthane ? Quand comprendront-ils que nous sommes en train de nous condamner nous-mêmes, l'humanité toute entière telle que nous la connaissons, leur croissance et leur compétitivité avec ? Car bien sûr, comme toujours, l'argument de la croissance économique est mis en avant, aussi bien par la patronne du Medef Laurence Parisot que par le Conseil européen qui a, lors du sommet du 22 mai, rouvert la porte aux gaz de schiste au nom de la compétitivité. Et pour mieux surfer sur l'austérité imposée, ils inventent des "contreparties financières" proposées via la réforme du Code minier pour acheter le consentement des collectivités et des propriétaires des terrains à creuser.

Il faut en finir avec l'illusion de réserves abondantes qui permet de continuer comme avant sans réfléchir le changement... Il est au contraire urgent de se désaccoutumer. Les énergies fossiles ont fonctionné comme une drogue dure du capitalisme industriel, qui a prospéré sur une énergie abondante et à bas prix. Ces ressources naturelles, qui pour certaines ont mis des millions d'années à se transformer, ne sont pas inépuisables. Selon l'Agence internationale de l'énergie, le pic de pétrole a été atteint en 2006. Alors oui, on pourrait décider de continuer à forer, racler le sable et faire des trous partout. Mais le climat nous rappelle que ce n'est pas la solution. Car en exploitant de nouvelles sources d'énergie fossile, on aggrave aussi les émissions de gaz à effet de serre.

Il n'existe pas de solution magique. Il n'y a pas d'énergie propre. Mais on peut limiter les dégâts, bifurquer : réduire nos consommations par la sobriété et l'efficacité, développer les renouvelables. Ça urge.

Télécharger le communiqué commun des associations Agir pour l'environnement, Amis de la Terre, Attac, Greenpeace et RAC et le communiqué de différents collectifs ici

Pour approfondir : "Le mirage du gaz de schiste de Thomas Porcher et l'article "Gaz de schiste : creuse, Marcel, creuse et tant pis si ça chauffe !" par Benjamin Dessus


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