dimanche 8 septembre 2013

De la frustration en politique. Et du temps qui file...

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Oui, je me répète un peu je sais. Mais Diable comme le temps file... A peine le temps de raccrocher son chapeau que c'est déjà quasi l'Automne, et l'on se retrouve tout surpris à enfiler un pull sous un ciel gris.

Avec la rentrée les événements et sollicitations se multiplient sur tous les fronts, et avec eux resurgit la frustration.

Frustration...

  • de ne pouvoir faire plus, même en sollicitant l'aide de camarades, tous bénévoles sur leur temps libre, et de manquer cruellement de moyens pour mieux agir, anticiper, réagir et soutenir,
  • lorsque la formidable équipe de la commission écologie avance sur des notes et arguments, sur le coût du nucléaire ou la fiscalité écologique, et que je réalise que je peine à gérer à la fois demandes et réponses, me transformant en goulet d'étranglement (arf)
  • de ne pouvoir approfondir tous les dossiers qui me parviennent comme ceux de l'Arc Lyonnais, l'accélération de la privatisation des barrages hydro-électriques, la grève à Euriware, des rapports du parlement européen, celui de la Cour des comptes sur les énergies renouvelables ou encore l'action de Novissen à Abbeville,
  • de devoir opposer un refus désolé aux invitations à venir parler d'écosocialisme en Ariège, à Bordeaux ou encore dans le Val de Marne, ou de Yasuni ITT avec Artisans du Monde à Villeurbanne,
  • de réaliser avec horreur que je n'ai plus un week end de libre jusqu'en janvier, de ne pouvoir rendre compte ici de la richesse et de la variété de nos actions, de ne pouvoir répondre à tous les messages critiques et amis,
  • de ne pas pouvoir revenir plus en détail sur ce que m'évoquent les raisons du départ de l'ami Hervé Kempf du journal "de révérence" Le Monde, information à croiser avec la montée en puissance des lobbies, les déclarations en cascade de Delphine Batho suite à son éviction du gouvernement, les hourras du Medef qui résonnent en cadence avec les renoncements du gouvernement,
  • de ne pouvoir aller saluer Josh Fox en Ardèche pour cause de commissions à la Région, et de manquer de temps pour conter lors de ces commissions l'audition d'ONG engagées au Nord Mali, le débat sur la méthanisation ou encore les fonds européens pour l'agriculture,
  • pour mieux communiquer sur l'événement que je crois considérable d'Alternatiba qui aura lieu début octobre à Bayonne, quelques jours après le nouveau rapport du Giec, et qui pourrait bien marquer l'An 01 de l'alternative et de la convergence sur la question climatique,
  • de mobiliser plus tôt, plus fort, pour la journée "Global Frackdown" contre les gaz de schiste et la grande mobilisation qui aura lieu à cette occasion le 19 octobre à Montélimar, 
  • de l'inquiétude sourde que j'éprouve à la lecture des événements en Syrie et de l'atlantisme docile et résigné de la France,
  • de la mobilisation des élus Front de Gauche de PACA et de Rhône Alpes sur le dossier Kem One, de ma joie sincère à voir les Fralib s'approvisionner en tilleul Drômois chez notre camarade Jean Pierre Buix, maire PCF de Buis les Baronnies, et de l'humiliation imposée aux licenciés de Reynolds à qui on demande, comble du cynisme capitaliste, de former leurs successeurs polonais,
  • de la situation en Tunisie, où une délégation du PG à laquelle je n'ai hélas pas pu me joindre cette fois-ci s'est rendue ce week end pour être aux côtés de nos amis du Front Populaire, dénoncer les crimes odieux de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et témoigner de notre solidarité au processus révolutionnaire et à l'opposition de gauche au régime d'Ennahda,
  • du choix fait par le CIO de tenir les Jeux Olympiques à Tokyo en 2020, à peine dix ans après la catastrophe de Fukushima alors que la situation continue de s'aggraver là bas, comme s'il valait mieux investir dans du pain et des jeux au lieu d'engager des investissements publics pour la transition énergétique et la sortie du nucléaire,
  • de la contre-réforme des retraites contre laquelle nous manifesterons mardi 10 septembre à Valence comme partout en France,
  • des preuves qui s'accumulent quant à l'influence humaine dans l'accélération des épisodes climatiques extrèmes et de la lettre que nous sommes en train de rédiger avec le bureau de l'association Viva Yasuni au Président équatorien Correa suite à ses déclarations sur l'abandon de l'initiative Yasuni ITT,
  • du travail que nous menons pour intégrer le refus du traité de Lisbonne, le principe de non-régression sociale, l'écosocialisme et le protectionnisme solidaire dans la plateforme programmatique du Parti de la Gauche Européenne, et de ma candidature déterminée face aux enjeux des élections qui arrivent...,
  • mais aussi de ma frustration grandissante de ne pas pouvoir me mettre à l'écriture d'un nouveau bouquin, de mes réflexions sur le temps qui passe, sur la vieillesse et la fin de vie,
  • de ma lecture favorite de l'été, le livre de Vargas LLosa "Le paradis, un peu plus loin", qui relate en alternance la vie de la militante féministe Flora Tristan et celle de son petit-fils, le peintre sauvage Paul Gauguin,
  • du spectacle incroyablement reposant du vol des petites chauve-souris Dioises sur fond de soleil couchant sur les contreforts du Vercors, idéal pour se rincer les yeux et l'esprit...
  • ou enfin du film trop vite oublié des années 80 « L'invasion de Los Angeles » de John Carpenter, véritable épopée prolétarienne sur fond de crise sociale, et brûlot anti-oligarchie terriblement politique.

Alors parfois, sur un quai de gare entre deux trains, réunions et manifestations, pour ne pas laisser perdre tout ça et dans l'illusion de rattraper un peu le temps qui file, je twitte. Et je remplis mon agenda. Histoire qu'au moins sur ce blog tout ne se perde pas, comme une ultime manière d'alerter et informer, même en quelques mots, lorsque le mode nomade et militant ne permet pas mieux. Pas suffisant, mais c'est un plus. Qui atténue un peu la frustration...

Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

ma brute littéraire préférée, Apollinaire

Photo : Stéphane Burlot

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